À la différence des heures supplémentaires, les heures dites « complémentaires » sont celles qui outrepassent la durée de travail du salarié à temps partiel. Ces heures répondent à un régime bien particulier qu’il convient ici de démêler. Qui sont les heures complémentaires ? Sont-elles illimitées ? Comment sont-elles rémunérées ?

  • Tout d’abord, les heures complémentaires, c’est quoi ?

Lorsque les salariés sont engagés pour effectuer une durée de travail inférieur à 35 heures par semaine, ils sont à temps partiel.

Dans cette hypothèse, leur contrat de travail devra précisément fixer le nombre d’heures de travail hebdomadaire qu’ils sont tenus d’accomplir et toute heure de travail effectué au-delà de cette durée, contractuellement prévue, sera constitutive d’heure complémentaire qui ouvrira droit à une contrepartie pour le salarié.

Exemple : si le contrat de travail du salarié prévoit qu’il a été embauché pour une durée de travail égale à 20 heures par semaine et qu’il effectue, 25 heures, il accomplit 5 heures complémentaires.

Ces heures répondent à un régime différent des heures supplémentaires qui sont quant à elles toutes les heures réalisées par un salarié à temps plein excédant la 35e heure de la semaine.

  • Les heures complémentaires sont-elles illimitées ?

Non, l’employeur ne peut pas imposer aux salariés d’effectuer un nombre d’heures complémentaires infinies. Plus particulièrement, deux limites s’imposent à lui.

En premier lieu, les heures complémentaires ne doivent pas avoir pour effet de porter la durée de travail du salarié à temps partiel au niveau de la durée légale de travail, soit, 35 heures ni au niveau de la durée de travail des salariés à temps plein de l’entreprise.

Ainsi, si l’employeur porte la durée de travail du salarié à temps partiel à 35 heures, par le biais d’heures complémentaires, le salarié pourra solliciter la requalification de son temps partiel en temps plein (1).

Ensuite, le nombre d’heures complémentaires réalisé par un salarié au cours d’une semaine ou d’un mois ne peut pas être supérieur à 1/10ème de la durée hebdomadaire ou mensuelle de travail prévue par son contrat.

Une convention ou un accord collectif peut toutefois déroger à cette règle du dixième et imposer aux salariés la réalisation d’un nombre d’heures complémentaires plus élevé, dans la limite toutefois d’un tiers de la durée de travail hebdomadaire ou mensuelle prévue par le contrat de travail du salarié.

En cas d’irrespect de cette règle conventionnelle où, à défaut, de la limite du dixième fixée par la loi, le salarié pourra solliciter le paiement de dommages et intérêts devant le conseil de prud’hommes.

Exemple : si, aux termes de son contrat de travail, le salarié est tenu d’effectuer 20 heures par semaine, il ne pourra pas être contraint d’effectuer plus de 2 heures complémentaires par semaine, soit 1/10e de sa durée hebdomadaire de travail.

Si le salarié est à 30 heures de travail par semaine, il ne pourra pas faire 5 heures complémentaires chaque semaine, car cela aurait pour effet de porter sa durée de travail à la hauteur d’un temps plein. Il ne pourra pas davantage effectuer plus de 3 heures complémentaires par semaine sauf à méconnaître la règle du dixième ou 10 heures complémentaires.

En présence d’une convention collective fixant le nombre d’heures complémentaires que peut accomplir un salarié à un tiers de sa durée de travail mensuel, celui-ci pourra être tenu de réaliser, son contrat de travail fixe a 20 heures sa durée de travail hebdomadaire, 6,6 heures complémentaires.

Attention : si, pendant une période de 12 semaines consécutives (ou de 12 semaines sur 15 semaines consécutives ou toute autre période de temps prévu par une convention ou un accord collectif), le salarié réalise au moins deux heures de travail de plus, par semaine, que la durée prévue sur son contrat de travail, l’horaire prévu par son contrat doit être, sauf opposition du salarié, augmenté du nombre de ces heures hebdomadaires.

  • Le salarié peut-il refuser d’accomplir des heures complémentaires ?

Le salarié ne peut, en principe, pas refuser d’exécuter des heures complémentaires sauf s’il en a été informé moins de 3 jours avant leur réalisation (ou tout autre délai contractuellement prévu) ou si le nombre de ces heures a pour effet de porter la durée de travail du salarié au-delà durée légale ou conventionnelle de travail.

Lorsque le salarié refuse, en dehors de ces hypothèses, d’accomplir les heures complémentaires sollicitées par son employeur, il pourra faire l’objet d’une sanction disciplinaire.

Attention : les heures complémentaires doivent être accomplies à la demande de l’employeur ou, à tout le moins, avec son accord tacite, c’est-à-dire lorsqu’il a eu connaissance de la réalisation de ces heures, mais ne s’y est pas opposé. À défaut, le salarié prend le risque que les heures complémentaires qu’il a accomplies d’initiative ne fassent l’objet d’aucune rémunération.

  • Comment les heures complémentaires sont-elles rémunérées ?

Les heures complémentaires accomplies par le salarié ouvrent droit à une contrepartie financière intéressante puisqu’elles font l’objet d’une majoration. Le taux de cette majoration, qui ne peut être inférieur à 10% est généralement fixé par convention ou accord collectif.

À défaut, le taux de majoration légal s’applique, soit :

  • 10% pour chacune des heures complémentaires accomplies dans la limite de 1/10e de la durée de travail fixé par le contrat du salarié
  • 25% pour chacune des heures accomplies au-delà de 1/10e

Exemple : si le contrat de travail prévoit 20 heures de travail hebdomadaires en contrepartie d’un taux horaire de 11 euros, et qu’il accomplit, sur une semaine, 30 heures, la majoration de ces 10 heures, dites complémentaires se calculera comme suit :

  • Les heures complémentaires effectuées dans la limite de 1/10e, soit 2 heures, feront l’objet d’une majoration à hauteur de 10%, soit 11 euros + 10% = 12,1 euros pour chacune de ces deux heures.
  • Les heures complémentaires réalisées au-delà de ce dixième seront majorées de 25%, soit 13,75 euros pour chacune de ces 8 heures.

Attention : contrairement aux heures supplémentaires, les heures complémentaires ne peuvent, en lieu et place d’une rémunération majorée, ouvrir droit à un repos compensateur.

Que faire si l’employeur ne rémunère ou ne majore pas les heures complémentaires accomplies ?

Le salarié peut tout d’abord solliciter de son employeur, à l’amiable, le paiement de ces heures. Si cette démarche ne prospère pas, il pourra saisir le conseil de prud’hommes d’une demande en paiement de ses heures complémentaires, et ce, dans un délai de 3 ans à compter du jour où il aurait dû recevoir le paiement de ces heures, ou du jour où il a pris connaissance de l’absence de majoration de ces heures supplémentaires.

  • L’employeur peut-il contourner le régime des heures complémentaires ?

Il existe en effet une possibilité, encadrée et limitée, de faire fi de la règlementation des heures complémentaires et ainsi d’augmenter la durée de travail du salarié à temps partiel sans que ces heures ne fassent l’objet d’une majoration.

Lorsque l’accord ou la convention collective applicable à l’entreprise le prévoit, l’employeur peut insérer dans le contrat de travail du salarié à temps partiel une clause selon laquelle la durée de travail pourra être augmentée temporairement d’un complément d’heures par la rédaction d’avenants au contrat de travail.

L’augmentation de la durée de travail du salarié devra faire l’objet d’un avenant au contrat de travail précisant le nombre d’heures que le salarié devra accomplir dans le cadre de ce complément. Ces heures qui ne pourront être supérieures à 8 par an ne seront donc pas qualifiées d’heures complémentaires et ne feront pas l’objet d’une rémunération majorée.

Cet avenant ne fait toutefois pas obstacle à l’existence d’heures complémentaires puisque si le salarié effectue un nombre d’heures de travail supérieur à celui prévu par ce complément, ces heures seront des heures complémentaires qui devront alors impérativement faire l’objet d’une majoration d’au moins 25%.

Exemple : si le salarié est tenu d’exécuter 20 heures de travail par semaine et qu’une clause contractuelle permet la signature d’un avenant portant augmentation de cette durée, qu’un avenant est ainsi signé et fixe à 25 le nombre d’heures de travail du salarié et que le salarié effectuer 28 heures :

  • Les 5 heures (de la 20e à la 25e) ne seront pas des heures complémentaires et ne feront donc pas l’objet d’une majoration
  • Les 3 heures restantes (de la 25e à la 28e) seront qualifiées d’heures complémentaires et devront faire l’objet d’une rémunération majorée de 25%.
  • Les heures complémentaires sont-elles défiscalisées ?

Pas de jaloux ! Comme les heures supplémentaires, les heures complémentaires sont, depuis le 1er janvier 2019, et dans la limite de 5 000 euros par an, exonérées de l’impôt sur le revenu. En outre, elles bénéficient d’une réduction des cotisations salariales de 11,31%.

Références

  1. Soc., 6 juillet 2016, n° 14-25.881